Le patron zéro chute ou zéro waste design
Le patron zéro chute, c'est quoi ?
Le patron zéro chute plus communément appelé zero waste design est une technique de création de patron qui permet de supprimer les chutes de tissu lors de la coupe des vêtements. Les pleins d'une pièce de patron sont les vides d'une autre. C'est un tétris qui s'emboite parfaitement.
Les patrons conventionnels
L'industrie de l'habillement est une des plus polluantes au monde. On estime à 400 milliards de mètres carrés la production de textile par an. Sur ces 400 milliards, en moyenne 15 à 20% de cette matière première est jetée à la poubelle lors de la phase de coupe : cela représente en moyenne 60 milliards de m2 de tissu jeté à la poubelle par an rien que pour la phase de coupe. La fabrication de tissu demande des moyens humains et naturels importants, il est essentiel de minimiser le gaspillage.
Comment fait-on ?
Pour un vêtement conventionnel, les courbes des pièces de patrons ne s'emboitent pas. Le patron zéro chute offre un processus créatif inversé. Il s'agit de réfléchir à l'envers, de mener une réflexion qui revient à trouver quelles possibilités offre la géométrie. Le processus créatif est étroitement imbriqué avec la création de patron. C'est une stimulation et une créativité nouvelle au service de l'écologie. De nouvelles contraintes émergent : créer en fonction de la largeur du tissu, des limites de la gradation (processus qui consiste à étendre les patrons dans toutes les tailles).
Pour la création d'un vêtement en patron zéro chute, le tissu intérieur au rectangle du patron doit être utilisé à 100% pour couper le vêtement. Nous devons parfois introduire quelques compromis sans dénaturer le vêtement. Fréquemment, nous avons besoin d'ajouter une couture qui n'existerai pas dans un vêtement conventionnel : le but est de se rapprocher au maximum du vêtement traditionnel en ajoutant le moins de coutures possibles. Cette méthode implique aussi de sortir de certaines conventions de la couture comme couper un vêtement en sens travers. Il s'agit d'ouvrir son esprit à de nouvelles façons de travailler. Le temps de coupe d'un vêtement est diminué : au lieu de couper le tour de chaque pièce, on sépare simplement deux pièces de patron. C'est aussi moins de temps de placement de patron puisque celui-ci est déjà prédéfini.
Devenir acteur de sa consommation
La seconde main est une façon de prolonger la durée de vie des vêtements et ce marché s'est énormément développé depuis quelques années, c'est très encourageant. Les matières restent cependant souvent non recyclables : il faut repenser le système à sa base. La qualité des vêtements de fast-fashion se détériore peu à peu. Les matières polluent énormément, les fibres textiles sont de plus en plus courtes : les vêtements deviennent jetables. Il est inconcevable d'acheter des vêtements qui ne seront jamais portés. En moyenne, on estime qu'un vêtement est porté 7 à 10 fois et certains ne le sont jamais. Il est de notre ressort, professionnels de l'habillement, de proposer des solutions plus écologiques aux consommateurs. Nous possédons tous des vêtements qui de prime abord nous ont fait envie, un coup de cœur pour la coupe.... Ce vêtement reste dans le placard car une fois porté il ne convient pas à la vie que nous menons. Si l'on regarde bien, nous mettons toujours les mêmes vêtements : parce qu'ils sont confortables, possèdent des poches, on est à l'aise dedans, on peut s'asseoir et se pencher... En prenant un peu de hauteur, ce sont des critères essentiels pour un vêtement. Pourrait-on imaginer un vêtement circulaire ? C'est à dire, un vêtement zéro chute, fabriqué avec une matière écologique, et qui serait donc recyclable.
L'industrie de la mode
L'industrie de la mode est en croissance exponentielle.
On estime que 2% des émissions totales de gaz à effet de serre est produite par l'industrie de la mode. Cette industrie consomme énormément d'eau, pollue nos océans pour des conditions de travail qui sont souvent désastreuses.
La consommation mondiale de vêtements ne fait qu'augmenter de façon vertigineuse.
Nous pouvons tous faire des gestes au quotidien pour diminuer notre impact environnemental :
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Consommer moins mais mieux.
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Mieux penser sa garde-robe : des vêtements confortables et intemporels portés au quotidien.
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Acheter local.
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Un vêtement moins lavé durera plus longtemps.
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Être attentif à la composition : Choisir une matière naturelle biologique (tencel ou lyocell, coton, lin...)
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Acheter en seconde main quand c'est possible.
Il y a encore peu de temps, il était encore autorisé de détruire les invendus textiles. Les restes de production (fins de rouleaux...) pouvaient être ainsi détruits.
Depuis cette loi, cela a donné lieu à de nouvelles façon de revaloriser ces fins de stock. Les marques ont donc la possibilité d'acheter les fins de stock de production des autres marques. C'est une façon de fabriquer des vêtements de façon écologique.
Loin des yeux, loin du cœur ?
C'est en ayant l'impression de donner pour les plus démunis que nous polluons encore plus. Lorsque l'on dépose des vêtements dans un conteneur solidaire, une très petite quantité seulement est destinée à la revente solidaire ou à la seconde main. Plus de la moitié de ces bennes sont achetées par des industriels et une partie se retrouve à même le sol en Afrique ou en Europe de l'Est. Ils sont vendus à des détaillants sous forme de ballots, source de revenu pour eux. La qualité de ces ballots (qu'ils achètent sans connaitre leur contenu) est de plus en plus mauvaise, une grande partie de ces vêtements est jetée car inutilisable. Cette proportion augmente avec la fast-fashion qui produit une qualité de textile et de fabrication de plus en plus médiocre. Ces montagnes de textile à ciel ouvert sont brulées et dégagent une fumée toxique, polluent l'eau, les sols...
Le tencel
Le tencel ou lyocell est fabriqué à partir de la pulpe de bois comme l'eucalyptus ou le bambou et un solvant non toxique.
Caractéristiques :
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Faible impact environnemental
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Respectueux de l'environnement
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100% recyclable
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Peu gourmand en eau : 80% inférieure à la production classique du coton. (5000 litres d'eau pour produire 1kg de coton, moins de 1000 litres pour le tencel)
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Fabrication en seulement 2 étapes avec un solvant non toxique
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99.7 % du solvant utilisé pour la fabrication est réutilisés dans le même procédé : utilisation circulaire en boucle fermée.
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Le tencel produit 10 fois plus de matière que le coton, par hectare cultivé.
Des qualités exceptionnelles :
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Doux au toucher (2 fois plus que le coton)
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Hypoallergénique
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Fluide
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Régule la température et neutralise les odeurs : respirant
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Agréable à porter
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Haute qualité
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Lavable à 30° (pas de sèche-linge)
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Se froisse peu
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Bonne absorption de l’humidité (supérieure au coton et à la soie)
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Antistatique (ne colle pas à la peau)
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Pour certains coloris, de légères zébrures blanches peuvent apparaitre lors du premier lavage, ceci reste constant par la suite.
Généralement, la pulpe de bois utilisée pour la production du Tencel provient d'arbres plantés spécifiquement pour sa production. Ce sont des forêts durables. Les arbres utilisés pour cette production ont une faible consommation en eau : l'eucalyptus n'a besoin que de l'eau de pluie : sans pesticide ni système d'irrigation.